top of page
  • Photo du rédacteurMarkus

Ma Mini Transat – Le rêve devenu réalité

Quelques jours après mon arrivée à St François en Guadeloupe, je livre volontiers mon analyse de la 2 étape.


En résumé :

  • Durée : 18 jours 2h 9’ (total des 2 étapes : 29 jours)

  • Distance parcourue : 2887.50 milles nautiques

  • Classement : 53e

  • Température de l’air : 34°/28 (jour/nuit)

  • Température de l’eau : 32° (jour et nuit)

Arrivée à St François le 15.11.2023
©Vincent Olivaud

La Course :

Cela faisait près de 3 semaines que j’étais arrivé à Santa Cruz de La Palma après une première étape qui avait duré 11 jours. J’avais hâte de repartir ! Mon bateau était à nouveau près depuis quelques jours déjà et n’attendait que de reprendre la mer.

Cette deuxième étape, la plus longue en termes de distance, allait être comme un baptême pour moi. Je n’ai jamais été seul aussi longtemps en mer. J’avais prévu 18 jours pour rallier la Guadeloupe selon mes routages. Un peu d’appréhension ? Oui certainement, mais surtout très impatient à prendre le départ : cette deuxième étape était l’apothéose de ce projet qui aura duré 4 ans.


J’avais donné rendez-vous à ma famille et mes amis le 15 novembre à St François. Pour y arriver, je devais me rapprocher de la destination d’environ 150 milles nautiques (environ 280km) toutes les 24 heures.


Durant la première journée et jusqu’au Sud de El Hierro, il n’y avait que très peu de vent. J’ai pu faire un bon départ et après un peu plus de 24 heures, je pointais au 6e rang du classement des séries. Mon « vieux» bateau restant performant dans le petit temps par rapport aux montures de nouvelle génération.


Entre le 2e et le 4e jours, nous naviguions essentiellement au près (en se rapprochant le plus possible du lit du vent) et ce n’est qu’à partir du 1er novembre que nous avons commencé à toucher les Alizés. Les Alizés est le vent généré par l’anticyclone des Açores. Lorsqu’il est établi, il souffle d’Est en Ouest. Il nous pousse donc en route directe à travers l’Atlantique. Celui-ci m’a par la suite accompagné jusqu’en Guadeloupe.

Eprouvé mais content d'arriver
© Quaptur

Problème technique majeur : Pile à combustible en panne ! 

A bord, j’ai deux types d’énergie pour charger mes batteries : d’une part deux panneaux solaires et d’autre part une pile à combustible. Les panneaux fonctionnent bien à condition que l’ensoleillement soit très bon. La pile permet de compenser le manque d’ensoleillement sur les panneaux. Sachant que les journées avec un soleil efficace durent en cette saison environ 10h, et que les voiles font de l’ombre durant la moitié de temps, il ne reste plus que 4-5 heures de temps de charge s’il n’y a pas de nuage.


Le 3e jour, lorsque les batteries étaient déjà bien déchargées, j’ai allumé la pile à combustible pour les recharger durant la nuit. Celle-ci s’est mise en erreur, en demandant d’appeler le service technique. Mmmh, difficile depuis là où nous étions et surtout sans téléphone. Un black out d’énergie me pendait au nez et serait dramatique pour l’avancement et la sécurité du bateau.


Ma transat vient de changer de caractère. Le doute a commencé à s’installer : vais-je arriver à rallier les Antilles juste avec les panneaux ? Les quelques jours qui ont suivis ont été compliqués et le moral en a pris un coup.


Moi, qui ne barre pas souvent et qui pensait pouvoir passer une traversée tranquille, j’ai dû commencer à barrer, barrer et barrer. Durant quelques jours, je n’ai que très peu dormi et ma place était principalement dans le cockpit. Je tenais la barre autant que je pouvais et lorsque mes yeux se fermaient, je la rendais à l’autopilote. Après avoir trouvé un certain rythme, je barrais une heure sur deux durant la nuit et un maximum durant la journée, jusqu’à ce que les batteries soient à nouveau pleines.


A ce moment-là, je me permettais de me relâcher un peu en me concentrant sur la recharge durant la journée. Très souvent, j’orientais Lomig non par rapport au vent, mais plutôt par rapport au soleil.


Durant le reste de la course, j’ai jonglé entre tenir la barre et orienter le bateau de manière optimale par rapport au soleil. Pour les derniers jours de course j’avais bien intégré les différents paramètres pour garder une charge suffisante. Heureusement, je n’ai jamais eu de blackout d’énergie.

Arrivée de la première étape au lever du jour
©Manon Le Guen

Le labyrinthe des Alizés, entre Soleil et Grains :

C’est à partir du 4e jour de course que nous avons enfin touché ce vent tant espéré. J’ai donc défini une stratégie en misant sur le meilleur angle possible par rapport au vent pour avancer en route directe tout en préservant le bateau. Les premiers jours de vent léger et de près m’ont fait prendre un peu de retard sur le programme, j’ai donc dû forcer un peu le bateau pour augmenter la distance parcourue journalière. J’ai parfois fait plus de 200 milles par jour. Une fois le retard rattrapé, j’ai légèrement relevé le pied en essayant de garder le rythme défini. C’est une sensation étonnante que de faire avancer le bateau entre 12-16 nœuds, ça donne une impression de survoler l’eau, mais cela fatigue autant le skipper que le bateau. Je ne voulais ni casser et ni prendre de risques inutiles, que ce soit pour le bateau comme pour le marin.


Lorsque l’on navigue dans les Alizés, les grains font partie de jeu. Phénomènes météo réguliers au large, ils ont la particularité de modifier la force et la direction du vent en quelques secondes. De jour, on peut les voir arriver, avec leurs nuages sombres et menaçants, ce qui n’est pas forcément le cas la nuit. Dans un grain, le vent peut passer de 15 à 35 nœuds en quelques secondes sans que le skipper ait le temps de réagir. Lors des premiers grains, j’ai essayé de prendre le moins de risques possibles en affalant dès que les nuages approchaient. Mais avec l’expérience, plus nous avons avancé dans la course, mieux j’arrivais à lire les nuages et osais prendre des risques. La dernière nuit a été éprouvante, puisque j’ai eu droit à plus de grains que durant la totalité de la Transat. Le bateau s’est couché à plusieurs reprises. Je suis parti au tas et à l’abatée comme jamais durant toute la transat. Je craignais vraiment de casser le bateau si proche du but. Je suis tellement reconnaissant que le bateau et les voiles aient tenu le choc.

Juste après la ligne d'arrivée à la Palma
©Manon Le Guen

Casse :

Lomig a fait un job parfait. Je savais en choisissant ce bateau qu’il était fiable. Il avait déjà traversé l’océan en 2019. Bien entendu, durant la course, je faisais des petites réparations tous les jours, mais la plupart du temps il s’agissait de la maintenance préventive. Je me rappelle avoir dû changer une drisse et faire un transfilage pour attacher l’écoute de la GV à la bôme, car le glisseur en alu l’avait transpercée. Sinon rien de grave à signaler. Le bateau était parfaitement prêt au départ. Merci à tous les préparateurs qui se sont occupé de Lomig !

La ligne d'arrivée à St François à quelques encablures
©Vincent Olivaud

Le plus difficile :

Sur une Mini Transat, nous en bavons tous les jours, certains jours un peu plus que d’autres. C’est aussi pour cela que nous choisissons de prendre le départ et de relever le défi. Durant 4 ans, je me suis entraîné à affronter toutes les situations possibles et j’estime avoir été prêt autant techniquement, que physiquement et mentalement. Le plus difficile durant la traversée, c’était de ne pas avoir eu la possibilité d’envoyer un petit « Tout va bien à bord » à mes proches et de recevoir une confirmation que « Tout va bien à terre » durant ces 18 jours. La solitude est totale et sans concession.

Famille, amis, partenaires, presse
©Vincent Olivaud

Arrivée en Guadeloupe :

Quelle surprise de voir le semi-rigide avec ma famille et mes amis me rejoindre, puis celui de l’équipe photos/vidéo à près de 8 milles de l’arrivée. Un moment plein d’émotions alors que Lomig avançait entre 8 et 10 nœuds sous gennaker en direction de St François.


Une fois la ligne d’arrivée passée, il a fallu rapidement affaler et entrer dans la passe sous la supervision du bateau de sécurité. Puis enfin un accueil tellement émouvant et chaleureux m’attendait sur les pontons. Des dizaines de ministes, familles, amis, membres des équipes, visiteurs et passants se trouvaient sur les différents points d’accès de la marina de St François. Arrivé au ponton, je débarque. La première accolade sera avec le coach Hervé, puis enfin ma femme Cynthia qui m’a tellement manqué. Je ne l’avais pas vue depuis près de 4 semaines. Des dizaines d’étreintes s’en suivent : famille, amis, ministes, organisation. J’ai donné libre cours à mes émotions. Après l’interview officiel d’arrivée, Virginie, notre arbitre préférée est venue vérifier si tous les plombages étaient encore bien en place. J’étais en règle !

Arrivée sur le ponton
©Vincent Olivaud

Une aventure extraordinaire qui s’est terminée ce mercredi matin. Cette aventure, qui a commencé un 6 octobre 2019 à la Rochelle, lorsque mes yeux ont commencé à briller au départ de l’édition 2019 de la Mini Transat, aura duré plus de 4 ans. Beaucoup d’expérience accumulée, beaucoup de difficultés gérées, beaucoup de nouveaux amis, beaucoup d’émotions partagées et plein de souvenir gravés à jamais dans ma mémoire. Cette aventure est également la réalisation d’un rêve qui était enfoui en moi depuis de nombreuse année. Quel privilège d’avoir pu le réaliser !

les retrouvailles tant attendues
©Captur

Remerciements :

Je remercie de tout cœur toutes celles et ceux qui ont rendu ce défi possible. A commencer par mon épouse Cynthia qui a accepté que je me lance dans ce projet avec son soutien indéfectible alors que durant 4 ans, je n’ai pas beaucoup été présent pour elle.


Ma Team :

Alain Roura qui n’a jamais été avare en conseil et en soutien,

Valérie Ducommun pour ces conseils nutritionnels et son suivi lors de chaque course,

Philippe Burkhardt pour ses conseil et suivi pour ma préparation physique,

Anne-Gael Gourdin, Cédric Monnerat et Jean-Charles Bomme qui ont chouchouté Lomig durant toutes ces années,

Jules Fougeroux pour ses textes incroyables sur les réseaux – en lisant ses textes, j’avais l’impression qu’il était sur Lomig en même temps que moi, tellement qu’il arrivait à retranscrire ce que je vivais,

Terry-David Emmel pour tout son travail de relation publique, Ysaline Petermann pour sa présence dans tous les moments importants du projet, et finalement

John Burkhardt pour tous les montages vidéo qu’il aura et qu’il va encore réaliser


Mes partenaires : Une immense MERCI à vous. Sans vous cette aventure n’aurait pas été possible. Merci de votre soutien financier, mais également soutien moral et intérêt pour ce défi incroyable.


Zoé4Life : vous vous battez tous les jours pour des enfants atteints du Cancer et soutenez leur famille. Merci pour eux, et merci de m’avoir permis d’embarquer la mascotte et de m’avoir soutenu dans ce périple.

remise des prix à St François, Guadeloupe
©Vincent Olivaud


137 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page